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Carboneutralité, risque de transition et communication d’information sur la durabilité

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Avez-vous remarqué que de plus en plus d’entreprises s’engagent vers la carboneutralité? Qu’est-ce que la carboneutralité? Et quelle incidence pourrait-elle avoir sur nos portefeuilles?

L’Accord de Paris, que Pembroke soutient publiquement [1], appelle les pays à limiter le réchauffement de la planète nettement en-deça de 2⁰ Celsius et, de préférence, sous 1,5⁰ Celsius par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Pour atteindre cet objectif, on estime que les émissions mondiales de CO2 doivent être réduites de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030, puis atteindre la carboneutralité d’ici 2050 [2]. Selon les estimations, les émissions mondiales de CO2 liée à l’énergie n’auraient pas diminué en 2021, mais auraient plutôt atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré, soit 36,3 milliards de tonnes [3].

Plus l’écart se creuse entre le niveau actuel des émissions mondiales et l’objectif de 2030, plus le risque de voir ce que les Principes pour l’investissement responsable appellent une « réponse politique inévitable » grandit (Inevitable Policy Response). Une telle réponse, qui fait référence au risque d’accélération de l’adoption de politiques gouvernementales, notamment la tarification du carbone pour dissuader les industries à forte intensité en émissions de carbone et encourager les solutions de rechange, constitue l’un des nombreux «risques de transition» auxquels sont confrontées les entreprises.

Pour comprendre l’exposition de ses portefeuilles aux risques liés à la décarbonisation et à la transition, Pembroke recueille des données estimées et déclarées sur les émissions de CO2 concernant ses participations. Ces données sont préparées par des fournisseurs tiers et peuvent donc comporter des erreurs. En tant qu’analyste, il est frustrant de recueillir les données sur les émissions de CO2 d’une entreprise auprès de deux sources tierces et de l’entreprise elle-même, pour ensuite se retrouver avec trois nombres différents.

Bien des entreprises ne déclarent par ailleurs pas leurs émissions. C’est l’une des raisons qui ont poussé Pembroke à réaliser une enquête à la fin de l’année dernière pour demander à toutes ses entreprises si et quand elles prévoyaient commencer à déclarer les risques et les occasions liés au climat, conformément au cadre du Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TFCD) (voir le numéro du premier trimestre de 2022 de Point de vue du T1).

Le cadre du TCFD établit quatre thématiques en matière de rapports : la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques, et les mesures et cibles, chacune étant assortie de communications recommandées. Si les entreprises communiquent les données relatives à leurs émissions et à leur durabilité dans un cadre commun, les investisseurs seront en mesure de comparer les renseignements fournis par des tiers avec ceux proposés par les entreprises, de confronter les différences, et de tirer avec une plus grande confiance des conclusions sur les conséquences potentielles des risques et des occasions liés au climat sur la valeur de leurs portefeuilles d’investissement.

L’harmonisation des rapports internationaux sur le climat recevra un nouvel élan avec la touche finale que met l’International Sustainability Standards Board (ISSB) à ses normes de présentation de l’information en matière de durabilité. La création de l’ISSB a été annoncée lors de la COP26 à Glasgow, en novembre 2021. Cet organisme intervient en tant que l’un des deux conseils de normalisation, avec l’International Accounting Standards Board (IASB), pour les International Financial Reporting Standards (IFRS), et ce, sous la houlette de l’IFRS Institute. En avril, l’IFRS Foundation a annoncé la création du centre de Montréal de l’ISSB, un centre qui devrait jouer un rôle majeur dans les activités nord-américaines de l’ISSB.

En juillet, Pembroke a d’ailleurs pris part à une table ronde organisée par les Normes d’information financière et de certification (NIFC) du Canada et les Principes pour l’investissement responsable. Cette discussion s’inscrivait dans le cadre d’une campagne de sensibilisation visant à recueillir les commentaires d’investisseurs, de préparateurs et de fournisseurs de services au sujet des exposés-sondages de l’ISSB. Le panel a abordé certaines des préoccupations des investisseurs au sujet des déclarations financières en matière de durabilité.

L’harmonisation des communications financières liées à la durabilité devrait créer un cadre permettant aux sociétés cotées en bourse et aux émetteurs de titres de créance de fournir des données uniformisées et utiles à la prise de décision concernant leurs émissions de CO2 ainsi que les risques et les occasions associés au climat. Les investisseurs devraient ainsi être en mesure d’utiliser cette information pour tirer des conclusions sur l’exposition des entreprises au risque de transition et sur leur degré de préparation, de résilience et de flexibilité devant un environnement politique et réglementaire en évolution rapide.

Pembroke s’attend à ce que les instruments de tarification du carbone, que ce soit sous la forme de taxes sur le carbone ou de systèmes d’échange de droits d’émission, constituent un outil de politique de plus en plus important. Selon le State and Trends of Carbon Pricing 2022 de la Banque mondiale, il existe 68 instruments de tarification du carbone actuellement en vigueur dans le monde [4]. D’après ce rapport, les prix du carbone doivent en outre augmenter davantage pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Des mécanismes d’ajustement transfrontaliers et des efforts d’harmonisation sont en cours, ainsi que des appels en faveur d’un prix plancher international du carbone.

En conclusion, les engagements en matière de carboneutralité des pays et des entreprises, l’harmonisation des normes de communication d’information sur la durabilité, et la convergence possible de la tarification mondiale du carbone, augmenteront la transparence des dépenses et des obligations possibles ou implicites liées au carbone. Cette information pourrait avoir des répercussions importantes sur la valeur de certaines sociétés. En tant qu’investisseur à long terme axé sur la croissance et l’innovation, Pembroke s’efforce de comprendre les risques et les occasions que présentent la carboneutralité et la décarbonisation de l’économie mondiale qui en découle.

 

[1] https://private.pml.ca/2021-q3-why-pembroke-supports-paris-agreement/?lang=fr

[2]  https://www.un.org/fr/climatechange/net-zero-coalition

[3] https://www.iea.org/news/global-co2-emissions-rebounded-to-their-highest-level-in-history-in-2021

[4] La Banque mondiale. 2022. State and Trends of Carbon Pricing 2022 (mai), World Bank, Washington, DC.: Doi 10.1596/978-1-4648-1895-0. Licence d’utilisation: Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO.

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Ce rapport a pour but de donner un aperçu de Pembroke et des fonds Pembroke. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Tous les titres énumérés aux présentes le sont à des fins d'information uniquement et ne sont pas destinés et ne doivent pas être interprétés comme des conseils en investissement ni comme une recommandation d'acheter ou de vendre un titre particulier. Les informations factuelles proviennent de sources que nous estimons fiables, mais leur exactitude, leur exhaustivité ou leur interprétation ne peuvent être garanties. Pembroke cherche à s'assurer que le contenu de ce document est correct et à jour, mais ne garantit pas que le contenu est exact et complet et n'assume aucune responsabilité à cet égard. Pembroke n'est pas responsable des décisions ou actions prises ou effectuées sur la base des informations contenues dans ce document.