Pembroke soutient depuis un certain temps déjà que les investisseurs négligent le marché canadien des titres de sociétés à petite capitalisation et que cela entraîne une sous-évaluation d’un grand nombre de ces sociétés. L’acquisition récente de Solium Capital, fournisseur de services financiers établi à Calgary, par Morgan Stanley vient d’ailleurs cautionner notre théorie. Solium représentait notre placement le plus imposant au sein de notre segment de croissance canadienne, et la prime de 43 % payée par un acquéreur stratégique avisé renforce notre point de vue selon lequel un écart considérable se creuse entre les cours boursiers canadiens et les cours boursiers d’autres marchés. Cet écart peut s’expliquer par différents facteurs déterminants évalués notamment ceux qui suivent :
- une prédilection évidente des investisseurs pour les stratégies indexées; une tendance qui privilégie l’acquisition de titres de sociétés à plus grande capitalisation, peu importe le cours des titres, au moyen d’une recherche et d’une analyse des facteurs fondamentaux;
- une période difficile pour les titres de sociétés canadiennes du secteur des ressources, lequel a toujours été un secteur phare au Canada pour les investisseurs de capital-risque;
- d’importants mouvements de capitaux dans les secteurs spéculatifs, comme la chaîne de blocs, la cryptomonnaie et le cannabis, au sein desquels les modèles de gestion n’ont pas fait leurs preuves, même s’ils continuent de susciter un immense enthousiasme auprès des investisseurs;
- la mauvaise qualité de la recherche visant à cerner de petites et moyennes sociétés intéressantes, surtout dû au fait que les banques d’investissement estiment moins rentable de couvrir de telles sociétés et au fait que les frais de courtage diminuent.
Ces facteurs font en sorte qu’il est difficile pour les plus petites sociétés de mobiliser des capitaux au moyen de l’émission de titres sur le marché public canadien. Pour les sociétés ouvertes bien établies ayant un rayonnement international, comme Shopify et Canada Goose, il n’est pas difficile d’attirer les investisseurs étrangers au Canada. Ces cas sont toutefois des exceptions, puisqu’on ne peut pas en dire autant pour de nombreuses sociétés plus petites et moins connues. Il existe donc un décalage grandissant entre le cours boursier des petites sociétés canadiennes et celui de leurs pairs aux États-Unis.
Comment les sociétés peuvent-elles créer de la valeur pour leurs actionnaires?
Certaines sociétés parviennent néanmoins à sortir de l’ombre, et d’ailleurs, plusieurs sociétés faisant partie de nos portefeuilles retiennent l’attention des investisseurs grâce à leurs facteurs fondamentaux qui ne passent pas inaperçus. Tucows, Aritzia, Pollard Banknote et Kinaxis en sont de très bons exemples. D’autres sociétés arrivent à se démarquer en fermant leur capital, ce qui est bien malheureux pour le marché financier canadien.
Solium Capital est un bel exemple du potentiel qui se cache au sein du marché canadien des sociétés à petite capitalisation. Cette société offre une technologie de gestion de régimes d’achat d’actions selon le modèle SaaS (Software as a Service), et dessert plus de 3000 sociétés comptant des employés répartis dans plus de 150 pays. Solium Capital a investi massivement dans sa plateforme, notamment au cours des deux dernières années pour la mise en œuvre de deux projets majeurs. Malgré une croissance robuste de son chiffre d’affaires, le bilan de la société a été affaibli par ces investissements majeurs, et son cours boursier était jugé trop élevé par certains investisseurs. La prime qu’a finalement payée Morgan Stanley souligne toutefois à quel point les investisseurs sous-estimaient cette société.
À notre avis, une panoplie d’autres sociétés dotées d’équipes de gestion concertées, de stratégies de croissance prometteuses et de bilans solides faisant partie de nos portefeuilles demeurent sous-évaluées sur le marché canadien. Ces sociétés rencontrent les critères fondamentaux qui sous-tendent les principes de placement de Pembroke depuis plus de 50 ans et qui nous permettent de créer de la valeur pour nos clients.
Date de publication: 12 mars 2019